Le manoir du sire de Vantoux



Le château de Vantoux, sur le chemin de la Source de Jouvence, au débouché du Val Suzon, a été bâti en 1704 par Jean de Berbisey, président à mortier. Il l'a légué, à sa mort (1756), au Parlement de Bourgogne pour servir de résidence d'été aux premiers présidents. Sa décoration a été remaniée et complétée sous Louis XVI.





"Les poètes misère" - Alphonse Séché


"Et c'est à l'hôpital encore que devait mourir l'original auteur de ce curieux livre : "Gaspard de la Nuit", Aloysius Bertrand.

Celui-là était de Dijon ; c'est dans cette antique cité des ducs de Bourgogne qu'il avait fait ses premières armes littéraires, ses études achevées. Déjà, il s'essayait à ces petites compositions à la manière de Callot, d'une originalité si forte et qui devaient avoir tant de succès plus tard lorsqu'il sera venu à Paris et qu'il les récitera à l'Arsenal, chez Charles Nodier.

Comme tant d'autres, il déserta sa province par ambition ; ses premiers succès, les encouragements qu'il recevait de Paris, de Hugo, de Nodier, de Louis Boulanger, d'Emile Deschamps, l'avaient enivré. Et il avait pris la diligence, un beau matin, pour courir après la fortune...Ce n'était point pourtant un audacieux, mais c'était un exalté, il portait en lui le feu sacré de l'idéal qui donne des forces aux plus faibles, du courage aux plus timides. Grand et maigre, le teint jaune et brun, les yeux noirs petits et très vifs, la physionomie narquoise et fine, un peu chafouine peut-être, avec ses gestes gauches, sa mise naïve et trop correcte, son défaut d'équilibre et son manque d'aplomb, il sentait son origine d'une lieue."

C'est ainsi qu'Alphonse Séché présente Louis Bertrand en le situant parmi les "autres", ayant laissé une trace. En effet, nombreux sont ceux qui, attirés comme lui par la gloire littéraire, seront étouffés par la maladie ou le poids de leurs protecteurs : Imbert Galloix (1807-1828), Auguste Le Bras (1811-1832) et Victor Escousse (1813-1832) - suicide commun par asphyxie, Emile Roulland (1802-1825), Hégésippe Moreau (1810-1838) : " Les vers à moins d'être signés Lamartine ou Hugo, n'ont aucun débit dans Paris. Un journal qui les insérerait en ferait plutôt payer l'insertion", Louis Berthaud (1810-1844), Jean-Pierre Veyrat (1810-1844), etc...

Mais parmi ces derniers, un seul a ciselé une forme nouvelle, originalité au coût défini par Marcel Proust : "Nous sommes très longs à reconnaître dans la physionomie particulière d'un nouvel écrivain le modèle qui porte le nom de "grand talent" dans notre musée des idées générales. Justement parce que cette physionomie est nouvelle nous ne la trouvons pas tout à fait ressemblante à ce que nous appelons talent. Nous disons plutôt originalité, charme, délicatesse, force ; et puis un jour nous nous rendons compte que c'est justement tout cela le talent". Le temps est parfois le prix de la consécration.

Le Manoir du Seigneur de Fontaine


Cette maison forte a été construite sur la butte de Fontaine, dans le cours du XI° siècle, sur instructions d'Eudes Ier, duc de Bourgogne, afin de surveiller la route de Paris par Chatillon sur Seine. Elle a eu pour seigneur Tescelin le Roux, époux d'Aleth de Montbard, qui lui donnera sept enfants, dont Bernard - le futur Saint-Bernard - né dans une salle basse du donjon. Aujourd'hui, en subsistent les seuls murs porteurs formant le carré natal devenu chapelle de Saint-Bernard, contiguë à la chapelle de la Vierge, toutes deux remarquablement décorées des blason et chiffre de Louis XIII et Anne d'Autriche. Le roi fera d'ailleurs du prieuré attenant un monastère royal dont il ne reste que la porte du cloître. A l'époque de Louis, la maison natale, laissée à l'abandon depuis la Révolution, faisait l'objet de restaurations (1821-1841).







"Bohème romantique" - Jules Marsan


" Parmi les romantiques de second plan, celui-ci du moins a laissé une oeuvre, et une oeuvre achevée. Son nom évoque autre chose que des souvenirs pittoresques, qu'une silhouette falote et bouffonne. Il ne s'est pas amusé à jeter à la tête des bourgeois les extravagances de Trialph ou les malédictions de Champavert ; il n'a pas promené dans les cafés et les cénacles un gilet à la Robespierre ; il s'est gardé du cabotinage, quand le cabotinage était souverain.

Il avait la pudeur de ses sentiments et le respect de son art. En ces temps de production fébrile, un seul livre, et posthume, mais qui mérite de vivre : oeuvre sans grande profondeur, mais patiemment ciselée, d'une perfection minutieuse, d'une sûreté d'exécution impeccable. Une galerie de petits tableaux, étonnants de relief et de couleur ; point de surcharge ; rien qui n'aille droit au but ; pas un mot dont la valeur pittoresque et musicale n'ait été pesée ; un sens nouveau de l'harmonie, une phrase dépouillée, sèche d'apparence et pourtant d'une sonorité si pleine..."

Le Val Suzon


Il y avait trois routes entre Paris et Dijon : 1° par Troyes, la plus directe et que prenaient ordinairement les voyageurs, de 75 lieues 1/2, faite en 22 relais. Deux compagnies fournissaient des voitures, les "Messageries Générales de France", dont les voitures partaient au n° 24, rue du Bouloi, tous les jours à 5 heures du soir et à 10 heures du matin ; l'autre, les "Messageries Royales de France" qui donnaient un départ par jour, à 6 heures 1/2 du matin de la rue Notre-Dame-des-Victoires, n°22. Le prix du trajet était, pour les deux compagnies, pour l'impériale, 25 fr., pour le coupé, 38 fr. l'intérieur, 34 fr., et pour la galerie 30 fr. Il y avait en plus 5 fr 50 pour le conducteur, si l'on voyageait par les Messageries Générales, et 3 fr. 50 par les Messageries Royales. 2° Une deuxième route passait par Tonnerre, et une troisième par Auxerre." note Cargill Sprietsma dans "Louis Bertrand dit Aloysius Bertrand" (1926 - page 108).



C'est cette même première route qu'emprunta Victor Hugo le 21 octobre 1839 lors de son voyage en Bourgogne : " On traverse le Val Suzon, charmant et sauvage, et qui rappelle le Jura. A Saint-Seine, joli bourg entre deux collines vertes, il y a une église du quinzième siècle avec abside carrée à rosace, chose rare. Deux lieues plus loin, on traverse un autre village au bas d'une autre vallée. Ce village s'appelle Coursault. Une assez grande maison délabrée, posée en travers au fond du ravin, borde la route. Sous cette maison est percée une chétive arche de pierre qui livre passage à un petit ruisseau. Ce ruisseau, c'est la Seine...." (Choses Vues - Midi de la France et Bourgogne")


Voici le val et le vieux pont de Val-Suzon :





"Ondine"






- " Ecoute ! Ecoute ! - C'est moi, c'est ondine
qui frôle de ces gouttes d'eau les lozanges sonores de
ta fenêtre illuminée par les mornes rayons de la lune ;
et voici, en robe de moire, la dame chatelaine qui
contemple à son balcon la belle nuit étoilée et le beau
lac endormi.

" Chaque flot est un ondin qui nage dans le courant,
chaque courant est un sentier qui serpente vers mon
palais, et mon palais est bâti fluide, au fond du lac,
dans le triangle du feu, de la terre et de l'air.

"Ecoute ! - Ecoute ! - Mon père bat l'eau coassante
d'une branche d'aulne verte, et mes soeurs caressent
de leurs bras d'écume les fraiches iles d'herbes,
de nénuphars et de glaïeuls, ou se moquent du saule
caduc et barbu qui pêche à la ligne !" -

*

Sa chanson murmurée, elle me supplia de recevoir
son anneau à mon doigt pour être l'époux d'une
ondine, et de visiter avec elle son palais pour
être le roi des lacs.

Et comme je lui répondais que j'aimais une mor-
telle, boudeuse et dépitée, elle pleura quelques
larmes, poussa un éclat de rire, et s'évanouit en
giboulées qui ruisselèrent blanches le long de mes
vitraux bleus.





La Fontaine de Jouvence


"Que de fois j'ai ravi leurs quenouilles de fruits rouges et acides aux halliers mal hantés de la fontaine de Jouvence...". Philippe le Hardi venait s'y promener comme Louis le fera plus tard, imité depuis par des générations de dijonnais en quête de nature ou de fête champêtre. Le site du Val Suzon est maintenant et heureusement classé.

Voici la fontaine de Jouvence qui, on le verra, a assez peu changé depuis près d'un siècle :





La crypte de Saint Bénigne


L'histoire de l'Eglise Saint-Bénigne est longue, ponctuée d'écroulements, destructions, reconstructions ; de cérémonies officielles : réception du Duché de Bourgogne par Philippe le Hardi le 26 novembre 1364 , ou plus intimes : baptême de Frédéric Bertrand le 20 mars 1816, obsèques de Georges le 28 mars 1826.


Elle débute comme suit, selon Eugène Fyot :

" Au commencement du VI ème siècle, un vaste cimetière, dépendant de la basilique Saint-Jean, occupait l'emplacement et les alentours de l'église Saint-Bénigne actuelle. Au centre de ce cimetière apparaissait à peine, sous les ronces qui la recouvraient, la toiture d'une de ces cryptes (.../...), sortes de chapelles souterraines, destinées à soustraire aux profanations des païens les corps des martyrs ou des chrétiens de marque.

Chose singulière, le peuple venait en foule devant ce tombeau mystérieux, pour y vénérer, disait-on, les restes de Saint-Bénigne, premier apôtre de la Bourgogne. Or, en 511, l'évêque de Langres, saint Grégoire, en résidences fréquentes à Dijon, ne voyait pas d'un oeil favorable cette vénération qu'il estimait superstitieuse ; mais comme il avait interdit les abords de la crypte, saint Bénigne, dit le chroniqueur Grégoire de Tours, lui apparut la nuit suivante et lui reprocha d'éloigner les fidèles de son tombeau. Saint Grégoire, reconnaissant alors son erreur, fit ouvrir la crypte où l'on trouva un grand sarcophage restangulaire, long de 2m 10 et large de 0m 80. Ce sarcophage taillé en pierre contenait en effet le corps de Saint-Bénigne.

L'évêque ordonna qu'une grande basilique serait bâtie sur la crypte."



En 1793, la rotonde de l'église, dernière mouture, fut détruite, la crypte comblée par les gravats. Elle ne sera redécouverte qu'en 1843 au hasard de la construction d'une sacristie. Ce qui restait du tombeau de Saint Bénigne ne sera exhumé que le 27 novembre 1858 (reliques dispersées avant ou perdues à la Révolution).

C'est dire que Louis n'a jamais pu connaître cette "crypte ténébreuse"où Scarbo menaçait de le coucher "debout contre la muraille ", pas plus qu'il n'a pu buter contre sa dalle sombre comme l'a pensé Henri Corbat.





Saint Bénigne


" La basilique, dont la construction avait été ordonnée par Saint-Grégoire, dura jusqu'en 535.Le bâtiment tombant en ruine sous Charles le Chauve, l'évêque Isaac le remplaça en 870 par une basilique nouvelle. A la fin du Xème siècle, le construction menaçant ruines une nouvelle fois et les moeurs se relâchant, l'évêque Brun de Roucy fit appel au zèle religieux de Mayeul, abbé de Cluny, qui dépêcha un groupe de douze moines à la tête duquel Guglielmo da Volpiano, dit Guillaume de Volpiano, qui vint à Dijon faire un bilan des travaux à effectuer. Le 16 des calendes de mars 1001/02 fut placée la première pierre d'un nouvel édifice mesurant cent mètres de long, possédant 121 colonnes et soixante dix fenêtres, béni le 3 novembre 1016.



L'église, remaniée par deux fois, une première sous la direction de l'abbé Jarenton vers 1100 et, quarante ans plus tard, à la suite du grand incendie qui ravagea Dijon en 1137, fut pourvue en 1147 d'un portail très orné. Le 21 février 1271, la chute du choeur entraîna la destruction de l'édifice à l'exception de la rotonde. L'abbé Hugues d'Arc entreprit la reconstruction complète de l'église à compter du 7 février 1280. Consacrée le 28 avril 1288 et bénie le 27 avril 1300, l'église, devenue cathédrale, est celle que nous voyons actuellement, amputée de la rotonde détruite à compter du 1er mars 1792.






La flèche actuelle -ci-dessus -, élevant sa pointe à quatre vingt treize mètres au-dessus du sol avec cinquante-cinq mètres de pyramide au-dessus de la toiture a été construite en 1894 par Charles Suisse. Elle n'a donc pu être contemplée par Louis qui, en 1815, habitait, avec toute sa famille, 14, Rempart de la Miséricorde.

Voici une vue prise de cette adresse :

L'émeute du Lanturlu


Voici ce dit Arthur Kleinclausz dans "Histoire de Bourgogne" de cet évènement survenu en 1630. Après lecture, chacun pourra tirer ou non des conclusions en rapport avec l'oeuvre de Louis Bertrand.


"Dans les pays d'élection, les élus nommés par le roi, répartissaient l'impôt arrêté au Conseil d'Etat, le percevaient et jugeaient des causes s'y rapportant. En Bourgogne, c'étaient les Etats qui votaient la somme imposable ; les Elus de la province la répartissaient et en connaissaient. Reprenant un projet de Henri II, le Conseil du roi adopta, au mois de juin 1629, un édit partageant la Bourgogne en dix élections, de trente-trois officiers chacune ; il annonçait ainsi son intention d'introduire dans la province les aides ( impôts sur les boissons), dont elle avait été jusque-là exempte. Le Parlement et le Chambre des Comptes refusèrent d'obéir, malgré des lettres de jussion. Les Etats décidèrent de faire des remontrances, puis, pour ne pas envenimer les choses, ils offrirent de racheter l'édit 1 800 000 livres. Le Conseil ayant repoussé cette proposition, un violente émeute éclata à Dijon, le 27février 1630.

Le Parlement et la Chambre des Comptes.



"Les "tumultuans" mirent à leur tête un vigneron de haute taille, ancien goujat d'armée, Anthoine Changenet, surnommé le roi Machas. "Il marchait, couronné de lierre et drapé dans un manteau d'étoffe de toutes couleurs, évidemment emprunté au carnaval d'où l'on venait de sortir. Derrière lui, une cinquantaine de gens déterminés brandissaient quelques hallebardes, des pieux, voire même des échalats aiguisés ; quatre tambours grotesquement accoutrés entouraient le guidon consistant en une serviette clouée à une longue perche et que suivait une foule de femmes et d'enfants protégée par une arrière-garde. Tous chantaient le refrain vif et saccadé d'un vaudeville alors en vogue et qui s'appelait "Lanturlu"". Le premier jour, les insurgés assaillirent à coups de pierres, en proférant des menaces de mort, la demeure de Nicolas Gagne, trésorier de France, et de Legrand, président de la Chambre des Comptes. Le lendemain, au nombre de six cents, ils retournèrent chez ces deux officiers, détruisirent leur mobilier, burent le vin de leurs caves, et ayant rencontré le maire et les échevins à la sortie, ils les obligèrent à regagner l'hôtel de ville "plus vite que le pas". (.../...) Ni le maire, Bénigne Euvrard, ni les bourgeois n'avaient su faire leur devoir. Dans l'après-midi seulement, ils se décidèrent à sortir de leurs maisons. La milice des paroisses fit une décharge contre les insurgés, en tua douze, et mit le reste en fuite ; les principaux carrefours furent occupés militairement et, à quatre heures, tout était terminé." Nul doute, me semble-t-il, que cet épisode, burlesque et tragique, a eu la sympathie de Louis.

"Aux dépens de quelques bibliophiles"



Le XIX ème siècle ne verra que deux éditions de "Gaspard de la Nuit", savoir : celle de Victor Pavie (1842), précédée de la notice de Sainte-Beuve, et celle de René Pincebourde (1868), avec introduction de Charles Asselineau, fronstispice de Félicien Rops. Les tirages du "Mercure de France" et "Pincebourde" 1895 ne seront que des réimpressions des précédentes. Au XX ème ces éditions se multiplieront dont, en 1948, celle "Aux dépens de quelques bibliophiles", avant-propos d'Antoine Parménie, illustrée par cent lithographies de Lise Lamour.



En voici quelques unes à titre documentaire. Cette édition, en général sous coffret, se trouve assez facilement







Le castrum dijonnais



" Et moi, j'errais parmi ces ruines comme l'antiquaire qui cherche des médailles romaines dans les sillons d'un castrum, après une grosse pluie d'orage "








la dernière tour du Castrum

Annonce manuscrite de Gaspard de la Nuit


Nous nous empressons d'annoncer la prochaine publication d'un livre fait pour exciter vivement la curiosité. Le libtaire du romantisme fashionnable, l'éditeur des oeuvres de Victor Hugo, de Charles Nodier, d'Hoffmann, de Henri Heine, de Sainte Beuve, du bibliophile Jacob, etc, M. Eugène Renduel vient de mettre sous presse une production littéraire en prose, qui, sous le titre neuf et piquant Gaspard de la Nuit, se recommande aux lecteurs bourguignons par l'intérêt local de plusieurs des situations qu'il renferme, et par le nom de l'auteur, M. Louis Bertrand, notre jeune compatriote. Un des peintres les plus distingués de la nouvelle école, M. Louis Boulanger dont les belles compositions enrichissent la nouvelle édition des oeuvres de Victor Hugo, a voulu concourir au succès du livre en l'illustrant de dix admirables eaux-fortes. La Revue de la Côte d'Or publiera dès le jour de mise en vente un extrait de cet ouvrage qui serait dit-on, le précurseur d'un roman historique dont le sujet est tiré de l'histoire de Dijon aux temps de chevalerie.

La Tour Philippe le Bon


La tour de la Terrasse dite "tour Philippe le Bon" a pour originalité d'être un sujet de discorde entre deux érudits dijonnais, à savoir Eugène Fyot et Henri Chabeuf. Pour le premier, cette tour ayant pour bases les fondations d'une ancienne tour du castrum, a été rehaussée en 1375 par Philippe le Hardi, puis à la hauteur de trente quatre mètres sous Jean sans Peur, pour culminer à quarante six mètres au temps de Philippe le Bon. Le second est formel : " On a dit que la tour de la Terrasse avait été commencée par Philippe le Hardi, continuée par Jean sans Peur, enfin terminée par Philippe le Bon ; c'est une erreur. Non seulement la construction file de la base au sommet sans aucune reprise visible, mais les documents établissent que la tour a été entièrement construite par Philippe le Bon, pendant la période où les Ecorcheurs ravageaient la Bourgogne, c'est à dire de 1435 à 1445, et semble avoir été terminée en 1443". Et quand on sait qu'Henri Chabeuf précède Eugène Fyot, on voit que le débat n'est ni nouveau ni clos. En l'occurrence, peu nous importe ; voici la Tour Philippe le Bon :





La place des Cordeliers



Pourquoi la foule se pressait-elle à la fontaine de la Place des Cordeliers ? Voici :

Jusqu’au 6 septembre 1840, date de l’adduction des eaux de la source du Rosoir (Val Suzon) au réservoir de l’actuelle place Darcy (du nom de l’ingénieur Henri Darcy, concepteur-réalisateur du projet), la ville de Dijon a été dépourvue d’eau saine et digestive. Les eaux de l’Ouche, souvent limoneuses, étaient impropres à la consommation ; celles du Suzon trop souvent rares en été . Les dijonnais s’approvisionnaient en eau par des puits creusés dans un sol calcaire sujet aux infiltrations.Un certain Fournier, médecin, dans un « Mémoire de l’eau de la rivière d’Ouche », publié en 1762, écrivait à propos des puits de Dijon : « L’eau de nos puits est toujours malsaine, crue, pesante, terreuse, et l’on est forcé de la boire dans une ville les plus agréables et les mieux située du royaume. Elle ne manque jamais de fatiguer et de surcharger l’estomac lorsqu’on en boit pour la première fois et ne peut qu’occasionner à la longue des maladies à tous les citoyens qui en font leur boisson ordinaire. » ( cité par Eugène Fyot)

Anciennement,ce jusqu’au XVII ème siècle,existaient toutefois deux fontaines alimentées par la source de Champmaillot ( colline proche du rempart est ): celles des places Saint Michel et des Cordeliers ( du nom du tout proche couvent ), où venait se ravitailler la population. Les conduits, petit à petit obstrués, le débit devenant insuffisant et les fontaines malsaines, leur destruction fut autorisée par la Chambre de Ville le 26 septembre 1636




Le Jardin de l'Arquebuse


Voici la situation du Jardin de l'Arquebuse d'après une gravure du XVII ème siècle







On l'aperçoit derrière le bâtiment trapu, au premier plan. A main gauche (cliché haut), le pavillon ; à main droite (cliché bas), au milieu du boqueteau, le peuplier géant, puis la tour au Rasoir (bastion Saint Georges). Derrière celle-ci se devine le toit de la maison, 14, Rempart de la Miséricorde ou 4, rue de Richelieu (deux entrées), domicile de la famille Bertrand à son arrivée à Dijon en 1815 (chez Françoise-Elisabeth Bertrand veuve Bonnard, dite Pierrette).





C'est en 1543 que les "Chevaliers de l'Arquebuse", statutairement organisés depuis 1525, se sont installés sur ce terrain nommé "La Saussaye". Un pavillon a rapidement été construit à son entrée ainsi qu'une piste de tir qu'on remarque sur le plan Edouard Bredin : "Le vrai pourtrait de la Ville de Dijon" daté de 1574.

Les "Chevaliers de l'Arquebuse s'exerçaient régulièrement au tir. Un concours avait lieu chaque année courant août. Il s'agissait d'abattre l'oiseau de privilège, appelé papegay ou papegault. Le vainqueur jouissait durant l'année de privilèges fiscaux et du titre de roi. Louis Valot ayant abattu le papegault trois années de suite (1597/98/99) se vit conférer le titre d'empereur et exempter d'impôts sa vie durant

Henri IV, de passage à Dijon en 1595, s'y serait livré au tir du papegault placé sur le doyen des peupliers d'Europe. Ce serait près de lui, dont l'origine remonterait au-delà de 1469, que venait rêver Louis Bertrand. Cet arbre, révéré par la population dijonnaise, s'est brusquement abattu lors d'une tempête le 15 juillet 1917











Au champ de tir est venu s'adjoindre un terrain appartenant à la Chartreuse de Champmol, dont des éléments du cloître serviront de logettes pour les marqueurs. Le tout, complété par un jardin botanique, deviendra promenade publique en 1807, après dissolution de la compagnie des "Chevaliers de l'Arquebuse" à la Révolution.











C'est dans ce jardin que le buste d'Aloysius Bertrand, exécuté par Marcel Paupion sur commande de l'Etat, a été inauguré en 1961 par le Chanoine Félix Kir, maire de Dijon :