Octobre - Le Parc


Le poème intitulé « Octobre » a été précédé, selon H. H. Poggenburg, de trois pré-textes publiés par le journal « Le Spectateur de Dijon » les 4 mai, 5 octobre et 23 décembre 1830. Le premier est celui-ci :

« - Voici le printemps ; les pelouses du Parc et [sic] de l’Arquebuse se sont épaissies, et les prés de Chèvremorte sont semés de marguerites. Qui n’a respiré déjà, du haut du rempart de Tivoli, le délicieux parfum des pêchers ! Qui n’a déjà visité la fontaine de Larrey et des Suisses, dont les peupliers verts s’élancent dans l’azur avec la flèche gothique de Saint-Bénigne ! Solitaires promenades, aimées du poète qui y oublie les heures, un livre à la main ! Oh ! Malheureux le malade qui ne voit le ciel que du fond d’un fauteuil ! Malheureux le prisonnier qui ne respire l’air que dans l’étroit préau ! Oui, c’est le printemps. L’hirondelle est de retour, et les petits ramoneurs sont partis : on en rencontrait hier, par la ville, en habits de fête, le visage rayonnant, armés de leurs bâtons ferrés, et chargés de leurs légers sacs de toile. Ils ne nous quittent point pour toujours, et vers le déclin de l’année, quand l’hirondelle aura cessé de gazouiller autour de nos fenêtres, nous entendrons leurs jeunes voix frapper l’écho sonore de notre quartier ».

Le [sic] ajouté par l’éditrice dans la première phrase pour signaler une étrangeté, montre au contraire sa méconnaissance des jardins dijonnais. Le Parc et l’Arquebuse sont en effet parfaitement distincts (3 Kms) Pour reprendre les termes d’Henri Chabeuf, c’est « vers 1670 (que) le duc d’Enghien, Henri-Jules, gouverneur de Bourgogne sur la résignation plus ou moins volontaire du grand Condé, son père, créa le Parc, en face du petit château de la Colombière, fief des Condés, situés en dehors de la commune de Dijon. Dessiné par Lenôtre sur le patron des jardins dont la France avait emprunté le thème à l’Italie, le Parc à 655 mètres 40 centimètres sur 534 en bordure le long de la rivière, soit 34 hectares 34 ares 29 centiares de superficie ; à l’origine tout n’était pas en plantations, il y avait autour des futaies centrales, de larges espaces en gazon ; un mail s’étendait le long du mur nord-ouest. A son passage à Dijon en 1683, Louis XIV aurait dit obligeamment que c’était la plus belle plantation de son royaume… »










Louis pouvait donc à bon droit écrire « du Parc et de l’Arquebuse ». Rien d’ailleurs de ce qu’il avance n’est faux même si ses rêves sont parfois plus solides que ses pierres.

( la fontaine de Larrey et la fontaine des Suisses ont peu ou prou été remplacées par des châteaux d’eau ; les remparts plantés d’arbres fruitiers abattus pour cause de voirie et de chemin de fer - quelques vestiges )





la fontaine des Suisses

L'édition Charles Meunier - 1904


L'édition de la "Maison du livre" de Charles Meunier, préfacée par Jules de Marthold, illustrée par Marc Dutzanen, est une des plus belles, tirée à 125 exemplaires en 1904.

































A la lune



Beau pélerin du ciel que mon oeil accompagne
A travers l'azur pâle où tu marches longtemps,
N'as-tu pas rencontré dans la haute campagne
Quelque asile entouré d'un éternel printemps ?

C'est là que sans espoir,rêveuse fiancée,
Un jeune ange m'attend,-son aile a sept couleurs,-
Pour renouer aux cieux la chaîne commencée,
Dont les légers anneaux sont de brillantes fleurs.

Comme un pâle rayon de ta molle lumière,
De cet ange baigné de mon dernier adieu,
L'âme vers son séjour remonta la première,
Digne toujours du ciel et des regards de Dieu.

Et moi,demeuré seul, moi,l'enfant de la terre,
Ange de ma jeunesse, après t'avoir chanté,
Dans le lit de la tombe endormi solitaire,
J'ai pour rêver à toi toute une éternité.