" A la Cigogne "



Parmi les œuvres poétiques de Louis Bertrand publiées par Cargill Sprietsma en 1926, deux poèmes, intitulés : "La chanson de l'hôtelier. Qui s'esjouit, après vespres, en compagnie d'un moine et d'un hérault d'armes " ( daté 3 septembre 1828 ) et " l'Hôtellerie " (non daté), débutent par : " Or, à la Cigogne " :



La chanson de l'hôtelier

I

- Or, à la Cigogne, -
Hérault de Bourgogne,
Moine de Trévoux,
Devant cette braise
Assis à votre aise,
Sans camail ni fraise
Chauffez-vous. -


L'hôtellerie

I

Or, à la Cigogne,
Place du marché,
Le Duc de Bourgogne
Hier à couché,
Et ce soir encore
Son falot décore,
Comme il est minuit,
L'ogive fleurie
De l'hôtellerie
Qui bourdonne et crie
Rouge dans la nuit.



Cargill Sprietsma et H.H. Poggenburg suggèrent, qu'à défaut d'une telle enseigne hôtelière à Dijon (  Inconnue des " Hôtelleries dijonnaises à partir du XV ° siècle" - Clément-Janin - 1878 ), on pourrait expliquer sa mention par la présence, au temps de Philippe le Bon, d'un nid de cigognes sur une cheminée du Logis du Duc ( Courtépée " - "Description historique [.../...] du duché de Bourgogne" - Tome 2 - page 101] lui conférant le statut d'hôtellerie ducale. Je lui préfère la suivante, tout aussi hypothétique, mais annonçant une des manières de " Gaspard de la Nuit ".


 L'enseigne " A la Cigogne " ( exactement : " à l'enseigne de la cigogne" ) est  celle des faïenciers dijonnais Sigault qui tenaient boutique rue de Maison Rouge ( rue Berbisey ) puis 42, rue Amiral Roussin à DIJON (21), à deux pas du 16/18, rue Chapelotte - domicile des Bertrand (1828). Leur marque est d'ailleurs toujours gravée sur la façade à cette dernière adresse, près du marché de la "Portelle du Bourg", castrum extra-muros :







Louis faisant référence dans la "Chanson de l'hôtelier" à la production faïencière et indiquant clairement - comme le note H. H. Poggenburg - qu'il "imite un tableau", on peut en déduire qu'il s'agit là de l'évocation d'un décor imaginé de faïencerie.



II

Assis sur la table,
Moine respectable
D'un signe de croix
Bénis cette argile
De vin de saint Gille
Que durant vigile
Nous boirons nous trois

III

Bourguignon, découpe
Entre pots et coupe
Au fil du couteau,
Ce canard sauvage
Qui passe à la nage
Le long du rivage
De ce gros tourteau

VI

Et d'ouïr, gros père,
Là bas au loin braire
Et descendre l'eau,
Ces ânes qu'en croupe
Enfourche une troupe
D'enfants, joli groupe
Au fond du tableau !





L'analyse de "L'hôtellerie" - et de ses variantes - rend plus dubitatif ("logis flamand" renvoie cependant, dans le contexte, à une illustration ) mais peut-être cette cigogne a-t-elle livré deux poèmes d'une argile différente.









P. S. : les  poèmes sont publiés dans "pages" - ci-contre.