« La vierge noire, la vierge des temps barbares, haute d’une coudée, à la tremblante couronne de fil d’or, à la robe raide d’empois et de perle, la vierge miraculeuse devant qui grésille une lampe d’argent… », la voici de nos jours ( la Révolution lui a fait perdre l’enfant Jésus qu’elle portait sur les genoux ) :
Cette « Imaige » ( statue ) est vénérée à Dijon depuis le XI° siècle. Elle était déjà présente dans la « Chapelle du Marché », fille de l’Eglise de Saint-Jacques de Trimolois. La gothique Notre-Dame étant construite, elle reprit sa place dans une chapelle très sombre autour de laquelle régnait une galerie destinée à recevoir temporairement les flambeaux votifs. Des écus, des épées de chevaliers, des béquilles, diverses prothèses ( pieds de cire, d’argent, de bois), des tableaux, étaient accrochés à la voûte et aux murs. Deux lampes brûlant jour et nuit assuraient une luminosité propice au recueillement.
Etant considérée comme un « canal de grâce », elle sera appelée jusqu’au XVI° siècle « Notre-Dame de Bon-Rapport » ou de « l’Apport », puis « Notre-Dame de Bon-Espoir ». C’est devant elle que les Beaufremont, gentilshommes ayant participé au « pas de Marsannay » (1443), que Philippe Pot, Grand Chambellan de Bourgogne, chevalier de la Toison d’Or et de l’Ordre de Saint Michel, sauvé de captivité (1453), que Louis de la Trimouille (ou Trémoille), Gouverneur de Bourgogne, défenseur de la ville contre les Suisses ( siège du 7 au 13 septembre 1513 ), vinrent s’incliner. Bien d’autres solliciteront son intercession pour les motifs les plus divers ( sécheresses, inondations, maladies, … ). Sa chapelle, suite de la précédente dont la voûte a été abattue (XVII°)- destruction « cassant », parait-il, un peu l’ambiance - est encore aujourd’hui relativement fréquentée.
Mais pourquoi cette vierge est-elle noire ? Non pas, comme le dit la légende, parce qu’elle aurait été enfumée par les canons des Suisses, mais parce que l’Eglise ferait application à Marie, dans un de ses offices, de paroles tirées du Cantique de Salomon ( Cantique des Cantiques ) : « O filles de Jérusalem, je suis brune, mais de bonne grâce, comme les tentes de Kédar, et comme les pavillons de Salomon ». (C1-5) ; « Ne considérez pas que je suis brune parce que le soleil m’a regardée…. » (C1-6) - Bible Ostervald 1845.(version contestée)
(la vierge m'étant inaccessible, les photos 2 et 3 sont d'après des clichés de Thierry de Girval)