La Bourgogne est, selon Henri Vincenot ( "La vie quotidienne des Paysans Bourguignons au temps de Lamartine" page 47), le "toit du monde occidental". Un même gros nuage peut en effet arroser simultanément les bassins de la Loire, de la Seine et du Rhône. Les Tilles appartienent tout entières à celui de la Saône. Prenant leur source sur le plateau de Langres, elles descendent en ruisselets et ruisseaux des bailliages de Châtillon et de Grancey ( Tilles de Barjon, Bussières, Villemoron, Villemivry, Ruisseau des Tilles ), pour se réunir à Marey, et s'épancher finalement dans la plaine en plusieurs lits formant, entre Beire et Genlis, un marais malsain auquel venaient s'adjoindre les crues de l'Ouche. Ce marais, partiellement traité dès le XVII° siècle, sera réellement combattu dans la première moitié du XIX°. Rien ne permet de les rattacher à l'Armançon ainsi qu'il est dit en page 350 des "Oeuvres Complètes" par H. H. Poggenburg ( "Tilles désigne plusieurs petites rivières, tributaires de l'Armaçon -sic-, affluent de l'Yonne.")
Bien entendu, ces éléments géographiques ne sont pas essentiels à la compréhension de l'oeuvre,sauf que les "Rochers de Chèvremorte" situés à la jonction des eaux vives de la montagne et mortes de la plaine, face au Mont-Blanc, borne frontière du pays natal (visible parfois à l'oeil nu) ne sont pas sans suggérer le tableau de Caspar David Friedrich (1774-1840) intitulé "Le voyageur contemplant une mer de nuages" et les travaux de Gaston Bachelard, officiellement ignorant de "Gaspard de la Nuit".
"Que de fois j'ai hurlé de la corne sur les rocs perpendiculaires de Chèvremorte, la diligence gravissant péniblement le chemin à trois cents pieds au dessous de mon trône de brouillards."