Robert Sabatier - Histoire de la poésie française



"Il est un des plus rares inventeurs que nous connaissions en matière de poésie : pour le fond et pour la forme. C’est de lui que vient le poème en prose comme nous l’entendons aujourd’hui, c’est lui qui a tendu une nouvelle lyre aux plus grands, qu’ils le reconnaissent ou non. Le Baudelaire du « Spleen de Paris » n’est pas ingrat : « J’ai une petite confession à vous faire. C’est en feuilletant, pour la vingtième fois au moins, le fameux « Gaspard de la Nuit » d’Aloysius Bertrand… » Le Max Jacob du « Cornet à dés » pourra parler d’Aloysius comme n’étant qu’un peintre violent et romantique, il lui devra beaucoup, et faut-il mentionner entre Baudelaire et Max Jacob, Villiers de L’Isle-Adam, Charles Cros, Mallarmé, Rimbaud, Huysmans…

Aloysius sculpte sur ivoire des sujets de son temps, mêlant en bon hugolien, le sublime et le grotesque. Il refuse le ronron du vers, le ton déclamatoire, le discours, le récit verbeux, il veut mettre beaucoup, beaucoup en peu de mots. Il a ses disciplines, presque ses manies : nombre constant d’alinéas et nombre constant de lignes, enchaînements logiques abolis, imagerie en patchwork mêlant le détail réaliste à la vision onirique.[…/…]

« Gaspard de la Nuit » se présente comme les trésors des quarante voleurs. On y trouve de tout, comme dira Mallarmé. Bien des grands ont emprunté le chemin créé par ce poète apparemment mineur, cheminant à ses côtés avant de créer leur propre route. C’est un poète qui ne déçoit jamais. Aujourd’hui, même si le temps à ajouté du suranné au suranné volontaire, « Gaspard de la Nuit » n’a rien perdu de son charme. Il y a là quelque magie. »

Le château de Rouvres



Dans la première préface Louis écrit : " Mais quelle est cette cavalcade ? C'est le Duc qui va s'ébattre à la chasse. Déjà la Duchesse l'a précédé au château de Rouvres." L'identification de ce château, nonobstant des questions peut-être légitimes (Rouvres en Plaine ou Rouvres sous Meilly), ne parait pas devoir poser problème. En effet, le château des Ducs de Bourgogne était à Rouvres (en Plaine). On peut lire chez Claude Courtépée :

"Le château, bâti par les Ducs de la première race, est qualifié de fortersse en 1287.Philippe, dernier duc de cette race, y reçut le jour, et y mourut tristement à l'âge de seize ans, étant tombé de la fenêtre de son appartement.

Le Roi Jean, son héritier, y passa plusieurs jours en 1361, et y créa le Parlement de Saint Laurent. Philippe le Hardi, son fils, y conduisit sa nouvelle épouse, Marguerite de Flandres en 1370. Il reçut l'année suivante le cardinal d'Angleterre et le Duc de Lorraine en même temps. Le duc Jean, résolut d'y résider, le fit embellir et fortifier en 1414 et y mit garnison. La duchesse de Savoie, soeur de Louis XI y fut enfermée avec son fils par ordre du duc Charles en 1467. Isabelle de Bourgogne, fille du duc Jean, y mourut en 1412, et fut apparemment inhumée dans l'église.[.../...]

Ce château dont il ne reste que des pans de murs très épais, avait deux étages, avant sa destruction par Galas ; on y comptait cinquante cinq cheminées ; le pavillon avec ses ailes avait soixante deux toises de long. [.../...]

Galas brûla Rouvres en 1636 et ne respecta que la maison de Monsieur de la Tournelle. Le clocher qui avait une belle flèche couverte d'ardoise, fut consumé et les cloches fondues : le château fut détruit à coups de canon, à l'exception de deux tours démolies en 1735 pour construire la grange de dîme. [.../...] Un incendie presque général, arrivé en 1666, acheva la ruine de ce lieu."