"La nuit et ses prestiges et les chroniques. Frontispice de Ossip Sadkine. Illustrations de Michel Giraud." - "Les Impénitents"











"Le Collège Royal"



Le Collège Royal, installé dans des dépendances de l' Hôtel Sainte-Anne, construit, à compter de 1633, au faubourg d'Ouche, près de l'hôpital, à l'initiative de Pierre Odebert, conseiller au Parlement de Bourgogne, et de sa femme Odette Maillard, pour y recevoir des orphelins,aura une existence relativement éphémère. Précédé du Lycée Impérial de garçons de 1804 à 1815, il redeviendra, en 1848, Lycée Impérial, sous Napoléon III, puis Lycée Républicain, avant de devenir en 1897, le Lycée de Jeunes Filles de Dijon qu'il restera jusqu'en 1967. Actuellement il est le Collège Marcelle Pardé,sis 18, rue Condorcet à Dijon. C'est là que Louis fera ses études de 1818 à 1826.





Sa réputation pédagogique était pour le moins contrastée, selon les époques et les classes  ( de la sixième à la rhétorique puis la philosophie) puisqu'au vu des rapports des inspecteurs académiques, on note : que : " le professeur de rhétorique, Couturier", qui enseigne de 1816 à 1821, "a un savoir médiocre et l'esprit éminemment faux". En 1821, "sa classe est la plus mauvaise" que l'on ait "jamais vue dans un collège royal depuis que l'Université existe". Celle de philosophie est dans un état identique, l'abbé Renaud  n'inspirant "aux élèves qu'un "grand dégoût pour la philosophie et pour sa personne". En 1824,  le proviseur, Gabriel Peignot, bibliophile renommé - plus impliqué dans sa passion que par l'administration de l' établissement - mentionnera toutefois que " depuis trois ans, il n'a vu sortir que des élèves nuls de sa classe ( philosophie ), et que le professeur de quatrième, Bizouard, est tout juste au niveau" de son auditoire. L'arrivée d'Amédée Daveluy, en 1821, relèvera très sensiblement le niveau de la classe de rhétorique.

L'enseignement, dans la fidélité monarchique et la foi religieuse, consistait essentiellement à l'apprentissage des langues française, latine et grecque avec, en complément, des cours de physique-chimie, histoire naturelle et mathématiques. En classe de philosophie, l'enseignement se faisait obligatoirement en latin. Les auteurs "modernes" n'étaient pas abordés. C'est ainsi qu'en juin 1821 le programme de la classe de quatrième - celle de Louis - était : " Les Métamorphoses" d'Ovide ; des "Eglogues" choisies de Virgile ; " Selectae e profanis" de Cicéron ; les fables "d'Esope".


 La discipline était rigoureuse, notamment pour les internes. On peut lire dans un "prospectus" basé sur le règlement : " Les élèves sont surveillés jour et nuit. Le jour, ils sont confiés à leurs maîtres d'études ou à leurs professeurs. Les maîtres d'études prennent avec les élèves leurs repas au réfectoire" - dans le plus grand silence tandis que l'un d'eux fait une lecture. " Les maîtres d'études couchent au dortoir commun. La nuit, un des domestiques est toujours de veille, et parcourt les dortoirs qui restent éclairés. Les dortoirs sont divisés en cellules où chaque élève à son lit ; chaque cellule grillée reste fermée depuis le coucher jusqu'au lever." Louis, heureusement externe, ne sera pas soumis à ce régime carcéral. Le port de l'uniforme - comme aux autres externes - lui sera même strictement interdit. Il se souviendra néanmoins de cet enfermement - notamment celui de son camarade Antoine Tenant de Latour pour lequel il bravera parfois les interdits en introduisant frauduleusement des publications - qu'il évoquera, entre autres, dans le conte intitulé "Voici le printemps " : "Malheureux le prisonnier qui ne respire l'air que dans l'étroit préau".







Parmi ses condisciples, on relève Henri Lacordaire ( cinq ans plus âgé) qu'il apercevra peut-être dans sa première année ; Antoine Tenant de Latour, poète et futur précepteur du Duc de Montpensier ; Auguste Petit, magistrat et son premier biographe ; Henri Darcy, ingénieur concepteur de la première adduction d'eau de la Ville de Dijon. Ces murs verront ensuite passer Gustave Bonickhausen (Eiffel) et le professeur Louis Pasteur. Enfin, pour la petite histoire, le Lycée de jeunes filles aura pour élèves : Edwige Cunati (Edwige Feuillère), Claude Jorré (Claude Jade) et Marlène Jobert.


P. S. : Pour d'autres renseignements voir : Colette Sadowsky, "Annales de Bourgogne" - Tome 32 - 1960