" Moult me tarde "



"Moult me tarde", devise de Philippe le Hardi, est donnée par certains comme l'origine du mot moutarde ("Cette devise est l'étymologie du mot moutarde parce que les vinaigriers de Dijon, très renommés pour la préparation de cette substance, plaçaient sur les pots les armoiries de leur duc avec sa devise " - Just Jean E Roy - "Histoire de la Chevalerie). Plus vraisemblable est  cette racine dans les latins "Mustum" (moût) et "Ardens" (ardent), la prime moutarde étant mélange de vin aigre tiré du moût de raisin et de graines de sénevé broyées. Le mot, au demeurant, figure dans des textes antérieurs à l'avènement ducal du premier Valois-Bourgogne ( ex : Cartulaire d'Igny - 1323 - Gilles dit moustardier.).






Il en va autrement de l'appellation singulière "moutarde de Dijon" dont on peut trouver la source dans les "Equivoques" du dijonnais pur jus qu'est Etienne Tabourot des Accords (1547-1590) ICI ( vues 87/88 page 30 des "Equivoques françois" ) et le liant du calembour de François Rabelais ICI ( "Et un pot à moustarde, que c'est mon cœur à qui moult tarde" -Gargantua - 1534 - page 30 )






On retrouvera idem bon mot dans ce que les jésuites dijonnais appelaient une "énigme en tableau", ainsi rapportée dans son glossaire des "Noëls bourguignons" de Gui Barozai par Bernard de la Monnoye (1641-1728) ICI (page 333 - moutade) : " Multum tardat divio rixam" laquelle pouvait se lire comme un appel à la sédition ( il tarde a Dijon de se battre ) mais signifiant : multum/moult - tardat/tarde - divio/Dijon - rixam/noise = moutarde dijonnoise.






Bruges ( Brugge )



Bruges (étymologiquement ponton, jetée, quai), comptoir hanséatique des mers boréales, miroirs du "Sanglier" puis de l "Ourse" - ICI - a toujours, par nature, recelé les ferments de révoltes contre l'ordre aristocratique traditionnel. L'argent abondant du négoce drapier, soumis aux privilèges institutionnels de la seule naissance, ne pouvait que réclamer justice et, selon  fortune du temps ou du seigneur, arracher les franchises et racheter ses défaites.






"Les Flamands", chronique éminemment politique, les symbolise toutes comme le monument à Pieter de Coninck et Jan Breydel - ICI - sur la place du "Markt", face au très robuste beffroi carillonnant et à l'élégant hôtel régional :










On y perçoit néanmoins, les traces d' évènements survenus sous Philippe le Hardi en 1382 (" Les gens de Bruges s'épouvantèrent, prirent la fuite, laissèrent là leurs armes, se dispersèrent. Jamais on ne vit d'aussi lâches combattants après avoir été si présomptueux. Les chevaliers ne purent pas même essayer de les rallier, ni s'opposer à l'ennemi ; ils furent entrainés par la déroute. Le comte de Flandre lui-même fut abattu de son cheval et tiré à grand peine de la presse et du péril. Une peur panique avait gagné tout le monde ; on s'enfuyait à qui mieux mieux ; le fils n'attendait pas le père, ni le père le fils") et celles de la soumission de la cité à Philippe le Bon en 1438 (" Le duc de Bourgogne consentit à les admettre en sa présence ; ils se mirent à genoux, et entendirent dans cette humble attitude la lecture de tous les crimes de leurs concitoyens. Ils crièrent  : " Merci, merci aux gens de votre ville de Bruges !" et se trainèrent ainsi jusqu'aux pieds de leur seigneur. " [.../... ] " La ville de Bruges paiera deux cent mille rixdalles d'or à son seigneur.")( "Histoire des Ducs de Bourgogne de la Maison de Valois" - Prosper de Barante - ICI ).




Hôtel de Ville


S'y trouve aussi la dénonciation de la collusion du pouvoir et de l'argent car, somme toute, si l'on menace paternellement le bourgeois, on ne "branche", pour la montre, que les chefs des gardiens de son ordre ; on ne brûle que le faubourg qu'il n'habite pas ; on efface des bannières le seul symbole populaire de la liberté sauvage. Il n'y a pas là, n'en déplaise à André Breton, surréalisme dans le passé.






Charles le Téméraire (Karel de Stoute)



Né le 10/11 novembre 1433 à Dijon, Charles le Téméraire ( Karel le Stoute en Flandre ), évoqué à plusieurs reprises par Louis dans son livre liminaire ( " Hélas, on voit bien que le duc Charles et sa chevalerie partis, - il y aura bientôt quatre siècles, pour la bataille, n'en sont pas revenus. " ) a tout entier été éduqué dans les Flandres par le sire d'Auxy et Jacques de Lalaing. Comme son père, Philippe le Bon, il viendra peu dans sa ville-capitale déterminé qu'il était par des rêves glorieux contraires à ceux de l " universelle aragne " ( Louis XI ).






Achevé le 5 janvier 1477, sous Nancy, par le châtelain de la Tour du Mont, gentilhomme de Saint-Dié (?), il sera inhumé en grande pompe dans un caveau de la collégiale Saint- Georges de Nancy. En 1550, son corps (?) sera transféré à l'église Notre-Dame de Bruges (Brugge) sur demande de Charles Quint, où il demeure depuis, près du tombeau de sa fille, Marie de Bourgogne, et du cœur de son petit-fils, Philippe le Beau.










Misère



On savait déjà fragile l'équilibre budgétaire du foyer Bertrand du vivant de Georges, titulaire d'une pension annuelle de 1200 francs, complétée par une rente servie à leur sœur par les Davico et les interventions ponctuelles de la tante Lolotte. Il le sera autant, voire plus, après la disparition du chef de famille ( 27 février 1828 ) et le départ de Louis pour Paris début novembre 1828 ( passeport du 3 novembre ). Cependant, cette situation ne devait pas émouvoir le maire de Dijon qui, en réponse à une lettre du 7 novembre 1828 par laquelle Laure sollicitait l'exemption de la charge du logement des gens de guerre, devait lui répondre  le 25 novembre - se basant implicitement sur le nouveau quotient familial ( Archives de la Ville de Dijon - Registre courrier cote  2 D1 - 28 ) :



" A Madame Veuve Bertrand, rue Chapelotte n° 18, à Dijon.

J'ai reçu la lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire le 7 de ce mois pour réclamer l'exemption des gens de guerre, basée sur vos faibles moyens d'exister.

Quoiqu'il m'eût été agréable de pouvoir être utile, je ne peux, en cette circonstance faire droit, quant à présent, à votre demande parce que j'ai la conviction que la charge du logement militaire est supportée sans réclamation par des habitants qui sont dans une position encore moins heureuse que la vôtre"