Hypothèses


Trois réponses hypothétiques à trois questions en suspens :

"La foule se presse aux hôtelleries de la rue Bouchepot" nous dit Louis dans la première préface de "Gaspard de la Nuit". Mais où pouvait-elle se situer ? Les plans de la ville, même les plus anciens (1574), n'en font pas état. Cependant, en recherchant plus avant, on peut relever qu'à la suite du grand incendie du 28 juin 1137 qui détruisit toute la ville, une nouvelle fortification avait été édifiée par le duc de Bourgogne. Celle-ci comptait une dizaine de portes, dont la porte Bouchefo(l)u devenue, peu ou prou, la porte au Fermerot, ouvrant intra-muros sur une rue (rue de la porte au Fermerot - actuelle rue de la Préfecture ), située à l'entrée nord de la ville, proche du secteur marchand de l'époque. Il est donc plausible que, Louis écrivant parfois comme un chat, la rue de la porte Bouchefo(l)u ou Bouchefo(l)u, soit devenue Bouchepot à la lecture de sa plume.


Idem : point de monastère de Saint-Maur à Dijon ou ses environs. Mais en lisant Henri Chabeuf, on trouve ceci : " Nous sommes arrivés à un temps où l'ordre de Saint-Benoit croule de toutes parts ; à Saint-Bénigne la décadence est complète, et les arrêts du Parlement se succèdent contre l'abbaye lamentablement dégénérée ; plusieurs fois, nous l'avons vu, on a tenté de la séculariser et de faire de son église la cathédrale d'un nouveau diocèse, on s'est toujours heurté à la résistance des évêques de Langres. Mais la réforme de Saint-Maur, approuvée par Grégoire XV en 1621, par Urbain VIII en 1627, favorisée par Louis XIII, va rendre à l'ordre un semblant de vie. (.../...) La réforme de Saint-Maur fut introduite à Saint-Bénigne en 1651 par l'abbé Nicolas II de Castille, petit-fils du grand présient Jeannin" . Et en lisant Eugène Fyot :"En 1662, les bénédictins de Saint-Maur, envoyés à Saint-Bénigne, bouleversèrent les constructions de l'abbaye : exhaussement du sol du préau, surélévation d'un étage au bâtiment du dortoir ...Et dès lors ce dortoir fut transféré dans la partie supérieure où l'on établit des cellules suivant le règlement des moines de Saint-Maur...". Le monastère de Saint-Maur n'est-il pas celui de Saint-Bénigne réformé ?










Enfin, pourquoi Louis signale-t-il l'existence de la léproserie de Saint-Apollinaire qui n'a qu'une porte, et n'a point de fenêtres" alors que tous affirment, dont Henri Chabeuf, qu'aucun établissement de ce type n'y a jamais ouvert sa porte ? Peut-être le village, à son emplacement actuel, a-t-il trop focalisé l'attention. En effet, une gravure intitulée " Vue de Dijon prise de la Montagne au dessus de la Fontaine de Larrey dessinée et dédiée à S. A. S. Monseigneur le Prince de Condé ", mentionne en n° 2 de sa légende : "Saint Apolinaire, village" à la sortie nord de la ville - quartier de la Maladière ou de la Maladrerie ? ( Maladrerie : Hôpital de lépreux; Syn. de léproserie ou de ladrerie. Ces établissements ne reçurent une très grande extension et n'acquirent une régularité uniforme qu'après la seconde croisade. Les maladreries étaient des vastes enclos plus ou moins grands, tous bâtis sur le même modèle, renferment des jardins, des vergers et des vignes ; des habitations gothiques pour les malades des deux sexes, qui avaient chacun une cellule ; une église et un cimetière, où quiconque entrait là-dedans était bien sûr d'être enterré, car il n'en sortait plus - Dictionnaire National Bescherelle 1875) -en tout état de cause sans rapport avec sa situation géographique actuelle. Certes, raisonner à partir d'une gravure est à haut risque mais lorsque les 46 autres références sont exactes, peut-on douter d'une seule, alors même qu'elle est corroborée par la réalité ? (J'entends par là que la Maladière est bien située à l'emplacement désigné par la gravure comme étant "Saint Apolinaire").






Le cerf et la vigne - La Fontaine




" Un Cerf, à la faveur d'une Vigne fort haute
Et telle qu'on en voit en de certains climats,
S'étant mis à couvert, et sauvé du trépas,
Les Veneurs pour ce coup croyaient leurs chiens en faute.
Ils les rappellent donc. Le Cerf hors de danger
Broute sa bienfaitrice, ingratitude extrême ;
On l'entend, on retourne, on le fait déloger :
Il vient mourir en ce lieu même.
"J'ai mérité, dit-il, ce juste châtiment :
Profitez-en, ingrats." Il tombe en ce moment.
La Meute en fait curée. Il lui fut inutile
De pleurer aux Veneurs à sa mort arrivés.
Vraie image de ceux qui profanent l'Asile
Qui les a conservés."


Les halles Champeaux



Les halles Champeaux ( construites sur l'ancienne place Champeaux - triangle actuel formé par les rues Jean-Jacques Rousseau, Auguste Comte et Devant les Halles ), du nom d'un notable habitant le quartier, étaient également désignées sous le nom de "marché de la chair salée". Tous les samedis, on y vendait du lard salé et tous les assortiments nécessaires aux cuisiniers ; cela s'appelait " le queul". Le marché au blé, anciennement place Saint-Michel, viendra s'y adjoindre. Non loin, le marché aux porcs occupait la rue du Vertbois ; celui aux poissons, place Notre Dame et les abords de l'église. Les Halles Champeaux subsistèrent jusqu'à l'établissement du "marché du Nord" dans l'église des Jacobins en 1807, où il est encore actuellement situé.