Une illustration d' Auguste Leroux







LES CINQ DOIGTS DE LA MAIN



Le pouce est ce gras cabaretier flamand, d'humeur goguenarde et 
grivoise, qui fume sur sa porte, à l'enseigne de la double bière de
mars.

L'index est sa femme, virago sèche comme une merluche, qui dès
le matin, soufflette sa servante dont elle est jalouse, et caresse la
bouteille dont elle est amoureuse.

Le doigt du milieu est leur fils, compagnon dégrossi à la hache, qui
serait soldat s'il n'était brasseur, et qui serait cheval s'il n'était homme.

Le doigt de l'anneau est leur fille, leste et agaçante Zerbine qui vend
des dentelles aux dames, et ne vend pas ses sourires aux cavaliers.

Et le doigt de l'oreille est le Benjamin de la famille, marmot pleureur
qui toujours se brimbale à la ceinture de sa mère comme un petit 
enfant pendu au croc d'une ogresse.






Dessins réalisés par Auguste Leroux pour l'édition de "Gaspard de la Nuit" d' Edouard Pelletan. Cet ouvrage est répertorié au chapitre des "Ouvrages annoncés en préparation qui n'ont pas été publiés"  ( page 141 du catalogue général de l'oeuvre d'Edouard Pelletan ( R. Helleu, libraire-éditeur, 1913 - VII-XXI-152p : ill ; 18 cm) - Information transmise par Olivier Bogros, bibliothécaire.


D'autres...












Encore... et fin.












Annonce de "Gaspard de la Nuit" - Revue du Lyonnais -1843 - Anonyme



« Vainement le siècle étend sur nous son manteau de glace : il se trouve encore quelques âmes fraîches et poétiques qui fleurissent comme les primevères, sous la neige. Louis Bertrand fut une de ces âmes privilégiées. Son livre, Gaspard de la Nuit, fantaisies à la manière de Rembrandt et de Callot, est une suite de petites ballades en prose dont le couplet ou le verset exact simula admirablement la cadence du rythme ; ces petites pièces travaillées avec délicatesse et un art infinis, rappellent ces bijoux de la Renaissance dont la ciselure est plus précieuse que la matière. On retrouve dans quelques-unes le piquant et la naïveté des vieux Noëls, et dans toutes le secret et la forme de la facture à un haut degré. Gaspard de la nuit a sa place marquée tout à côté d’Hoffmann, dont l’auteur à dû plus d’une fois s’inspirer. Une notice pleine d’intérêt dont Sainte-Beuve a fait précéder ce recueil, nous apprend que Louis Bertrand, poète par l’esprit et par le cœur, est mort à trente ans de la mort de Gilbert et d’Hégésippe Moreau. »