Le Puits de Moïse



"Il y a outre cela, dans le préau du cloître - un piédestal gigantesque dont la croix est absente, et autour duquel sont nichés six statues de prophètes - admirables de désolation...- Et que pleurent-ils ? Ils pleurent la croix que les anges ont reportée dans le ciel

















(Photos réalisées avec l'aimable autorisation de Mr D.Charpentier, Directeur par intérim du C. H. S. La Chartreuse, 1, Boulevard Chanoine Kir à Dijon )


Voici ce qu'en dit Eugène Fyot :

" Avec la section de son église, le monastère en comprenait deux autres, le "Petit Cloître" et le "Grand Cloître" (.../...). Le Grand Cloître, plus au midi, entourait un préau de 102 mètres de côté. Tout à l'entour régnaient 24 cellules avec 24 jardins, chacune étant isolée de sa voisine par un grand mur. Là vivaient les Chartreux, isolés dans leurs travaux et leurs prières, en dehors des offices en commun.

Au centre du préau avaient été captées plusieurs sources en un profond réservoir, pour l'usage des moines ; et c'est au milieu de ce réservoir que Claus Sluter fut appelé à élever un monument commémoratif de la passion du Christ. Il le divisa en deux parties ; le socle hexagone, sur les côtés duquel devaient saillir les six prophètes qui avaient prédit le Messie " ( Zacharie, Jérémie, Isaïe, Daniel, Moïse, le Roi David )" ; et, sur une plate forme soutenue par des anges pleurants, le calvaire. Il se composait d'une grande croix haute de sept mètres, sur laquelle agonisait un Christ (.../...) A ses pieds la Vierge Marie, saint Jean et Sainte Madeleine. Tout ce calvaire était ruiné depuis longtemps par les intempéries ou par la chute d'un abri lorsque vint la Révolution..(.../...) Seul donc reste le socle avec ses six prophètes." et :


la tête du Christ
(Musée archéologique de Dijon)


et ses jambes.


Note : le "Puits de Moïse" est un véritable "puits de science" alchimique puisqu'on y retrouve, outre le personnage de Moïse (parfois considéré comme auteur d'écrits alchimiques), "le motif des feuilles de chêne - allusion à la matière première de l'Oeuvre, des anges - allusion au "don de Dieu" qu'est l'Alchimie, celui du livre ouvert - exotérisme -, et du livre fermé - ésotérisme" ( Michèle Debusne " La Bourgogne alchimique " ). Le personnage du Roi David est particulièrement remarquable. Son revers de manteau est brodé de harpes,le pied d'un de ces instruments est visible dans un des replis. Ces signes symbolisent à la fois la musique ( le Roi David était patron des musiciens au Moyen-Âge) et la science alchimique (également appelée "la musique). Sa couronne royale est, selon le "Dictionnaire Mytho-hermétique" de A-J Pernety : " la pierre parfaite au rouge et propre à faire la pierre de projection".