Mon ami Louis Bertrand dit "Aloysius"

"J'aime Dijon comme l'enfant la nourrice dont il a sucé le lait, comme le poète, la jouvencelle qui a initié son coeur"

Publié par Mile à 01:00
Libellés : Les armoiries de Bourgogne au temps de Philippe le Bon
Article plus récent Article plus ancien Accueil

Archives du blog

  • ►  2013 (6)
    • ►  avril (4)
      • ►  avr. 01 (4)
    • ►  février (2)
      • ►  févr. 26 (1)
      • ►  févr. 23 (1)
  • ►  2012 (49)
    • ►  octobre (2)
      • ►  oct. 05 (2)
    • ►  septembre (6)
      • ►  sept. 19 (2)
      • ►  sept. 14 (3)
      • ►  sept. 03 (1)
    • ►  août (7)
      • ►  août 24 (1)
      • ►  août 23 (2)
      • ►  août 20 (2)
      • ►  août 15 (1)
      • ►  août 01 (1)
    • ►  juillet (9)
      • ►  juil. 16 (1)
      • ►  juil. 14 (1)
      • ►  juil. 13 (1)
      • ►  juil. 10 (2)
      • ►  juil. 07 (2)
      • ►  juil. 04 (2)
    • ►  juin (12)
      • ►  juin 27 (2)
      • ►  juin 26 (1)
      • ►  juin 22 (2)
      • ►  juin 19 (1)
      • ►  juin 16 (5)
      • ►  juin 06 (1)
    • ►  mai (13)
      • ►  mai 31 (1)
      • ►  mai 26 (2)
      • ►  mai 25 (1)
      • ►  mai 23 (2)
      • ►  mai 20 (1)
      • ►  mai 19 (1)
      • ►  mai 18 (5)
  • ▼  2011 (28)
    • ►  septembre (8)
      • ►  sept. 08 (1)
      • ►  sept. 05 (1)
      • ►  sept. 04 (6)
    • ►  août (5)
      • ►  août 23 (1)
      • ►  août 20 (1)
      • ►  août 11 (1)
      • ►  août 09 (1)
      • ►  août 01 (1)
    • ►  juillet (2)
      • ►  juil. 28 (1)
      • ►  juil. 26 (1)
    • ▼  mai (7)
      • ►  mai 08 (1)
      • ▼  mai 07 (1)
      • ►  mai 06 (1)
      • ►  mai 05 (1)
      • ►  mai 04 (1)
      • ►  mai 03 (2)
    • ►  mars (2)
      • ►  mars 11 (2)
    • ►  janvier (4)
      • ►  janv. 15 (1)
      • ►  janv. 10 (1)
      • ►  janv. 06 (1)
      • ►  janv. 04 (1)
  • ►  2010 (114)
    • ►  décembre (8)
      • ►  déc. 30 (1)
      • ►  déc. 27 (1)
      • ►  déc. 16 (2)
      • ►  déc. 14 (4)
    • ►  octobre (8)
      • ►  oct. 23 (1)
      • ►  oct. 15 (1)
      • ►  oct. 13 (1)
      • ►  oct. 09 (1)
      • ►  oct. 08 (1)
      • ►  oct. 07 (1)
      • ►  oct. 05 (1)
      • ►  oct. 02 (1)
    • ►  septembre (6)
      • ►  sept. 29 (1)
      • ►  sept. 23 (2)
      • ►  sept. 21 (1)
      • ►  sept. 20 (2)
    • ►  août (7)
      • ►  août 26 (1)
      • ►  août 24 (2)
      • ►  août 05 (1)
      • ►  août 03 (1)
      • ►  août 02 (1)
      • ►  août 01 (1)
    • ►  juillet (1)
      • ►  juil. 05 (1)
    • ►  juin (2)
      • ►  juin 20 (1)
      • ►  juin 01 (1)
    • ►  mai (20)
      • ►  mai 30 (3)
      • ►  mai 26 (1)
      • ►  mai 19 (1)
      • ►  mai 15 (1)
      • ►  mai 13 (1)
      • ►  mai 11 (1)
      • ►  mai 10 (2)
      • ►  mai 07 (3)
      • ►  mai 06 (3)
      • ►  mai 05 (2)
      • ►  mai 04 (2)
    • ►  avril (21)
      • ►  avr. 30 (1)
      • ►  avr. 29 (1)
      • ►  avr. 27 (1)
      • ►  avr. 25 (1)
      • ►  avr. 24 (2)
      • ►  avr. 21 (1)
      • ►  avr. 20 (1)
      • ►  avr. 18 (1)
      • ►  avr. 17 (3)
      • ►  avr. 16 (1)
      • ►  avr. 15 (2)
      • ►  avr. 14 (2)
      • ►  avr. 10 (4)
    • ►  mars (1)
      • ►  mars 03 (1)
    • ►  février (40)
      • ►  févr. 25 (1)
      • ►  févr. 23 (2)
      • ►  févr. 20 (4)
      • ►  févr. 19 (2)
      • ►  févr. 18 (11)
      • ►  févr. 17 (20)

Ce site est dédié à la mémoire de mon "pays", mon voisin, mon ami, le poète Louis Bertrand, dit "Aloysius Bertrand", père de "Gaspard de la Nuit" et de "La Volupté", dijonnais de coeur, et orfèvre es mots.



Il n'a pas pour objet l'analyse et le commentaire littéraires mais l'illustration textuelle et biographique.


( Cliquez sur les photos pour les agrandir )

Libellés

  • Critique (15)
  • Dijon (27)
  • Editions anciennes (22)
  • Généalogie (4)
  • Histoire (24)
  • Jacquemart (1)
  • Jacques Callot (1)
  • les amis (7)
  • Les armoiries de Bourgogne au temps de Philippe le Bon (1)
  • Louis Bertrand (7)
  • Opinions (6)
  • Pays dijonnais (14)
  • Philippe le Bon (1)
  • Poésie (15)

Pages

  • La Complainte de Geneviève de Brabant
  • Frédéric Bertrand : un personnage et un témoin
  • "Les Grandes Compagnies" et pré-textes
  • Limites et mérites de Bertrand - Après lui le genr...
  • "Notre-Dame d'Etang"
  • " A la Cigogne "

Pour une biographie et des éléments littéraires, voir le site :

http://poetes.com/bertrand/

pour d'autres compléments :

"Association pour la Mémoire d'Aloysius Bertrand"

http://aloysiusbertrand.blogspot.fr/

pour écouter :

http://www.litteratureaudio.com/index.php?s=aloysius+bertrand&sbutt=Ok

pour l'ancien Dijon :

http://dijonavant.com/

http://dijon1900.blogspot.com/



"Je lis maintenant vos vers et ceux de M. Brugnot en cercle d'amis comme je lis André Chénier, Lamartine, ou Alfred de Vigny. Il est impossible de posséder à un plus haut point les secrets de la forme et de la facture."

Victor Hugo
C'est en feuilletant pour la vingtième fois le fameux "Gaspard de la Nuit" d'Aloysius Bertrand ( un livre connu de vous, de moi et de quelques-uns de nos amis, n'a-t-il pas tous les droits à être appelé "fameux" ) que l'idée m'est venue de tenter quelque chose d'analogue et d'appliquer à la description de la vie moderne, ou plutôt d'"une" vie moderne et plus abstraite, le procédé qu'il avait appliqué à la peinture de la vie ancienne, si étrangement pittoresque."

Charles Baudelaire
"J'ai comme tous les poètes de notre jeune génération, mes amis, un culte profond pour l'oeuvre exquis de Louis Bertrand, de qui vous avez eu la rare gloire d'être l'ami."

"Ce monument élevé par notre génération à Louis Bertrand serait d'autant plus naturel qu'il est vraiment, par sa forme condensée et précieuse, un de nos frères. Un anachronisme a causé son oubli. Cette adorable bague jetée, comme celle des doges, à la mer, pendant la furie des vagues romantiques, et engouffrée, apparaît maintenant rapportée par les lames limpides de la marée."

"Prends Bertrand, on y trouve tout"

Stephane Mallarmé


"Et mon cher et si attachant Aloÿsius Bertrand, de qui, depuis 30 ans, nous collectionnions les éditions de "Gaspard de la Nuit" n'y fut-il pour rien"

Jean Bannier
"...la mythologie des Lettres françaises."

Théodore de Banville

"Ce fantasque Aloysius Bertrand... a transféré les procédés de Léonard dans la prose et peint, avec ses oxydes métalliques, des petits tableaux dont les vives couleurs chatoient, ainsi que des émaux lucides."

J. K. Huysmans

" Sans "Gaspard de la Nuit" Zarathoustra n'aurait pas ainsi parlé "

Marcel Schwob

"Je tombai véritablement amoureux de ce petit livre touchant, subtil... C'est un véritable trésor pour ceux qui aiment la poésie."

Serge Bobrov

" Depuis Aloysius Bertrand, Baudelaire et Rimbaud, nul plus que lui ( Max Jacob) n'avait ouvert à la prose française toutes les portes de la poésie"

Paul Eluard

DIJON


I

Ô Dijon, la fille
Des glorieux ducs,
Qui portes béquille
Dans tes ans caducs!

Jeunette et gentille,
Tu bus tout à tour
Au pot du soudrille
Et du troubadour.

A la brusquembille
Tu jouas jadis
Mule, bride, étrille,
Et tu les perdis.

La grise bastille
Aux gris tiercelets
Troua ta mantille
De trente boulets.

Le reître qui pille
Nippes au bahut,
Nonnes sous leur grille,
Te cassa son luth.

Mais à la cheville
Ta main pend encor
Serpette et faucille,
Rustique trésor.

Ô Dijon, la fille
Des glorieux ducs,
Qui portes béquille
Dans tes ans caducs,

Ca, vite une aiguille,
Et de ta maison
Qu'un vert pampre habille
Recouds le blason!

II

Gothique donjon
Et flèche gothique
Dans un ciel d'optique,
Là-bas, c'est Dijon.
Ses joyeuses treilles
N'ont point leurs pareilles;
Ses clochers jadis
Se comptaient par dix.
Là, plus d'une pinte
Est sculptée ou peinte;
Là, plus d'un portail
S'ouvre en éventail.
Dijon, moult te tarde!
Et mon luth camard
Chante ta moutarde
Et ton Jacquemart!

III

Dijon, l'étranger,
Oiseau passager,
Aujourd'hui visite
Ton pesant château
Sans canon, sans eau,
Ta flèche bénite,
Tes tristes chartreux,
Cloître que des preux
L'ombre encor habite,
Et ton Jacquemart,
Las! que rien n'abrite
Contre le brouillard.




Le Valet de Chasse


Sus, valet de chasse !
Dès que l'aube point,
Lave-toi la face
Et vets ton pourpoint !

Il faut de l'audace
A qui le métier
Bravement embrace
D'être forestier.

Le valet de chasse,
Et qui donc voudrait
Partager la tasse
Du coupe-jarret

Dans la salle basse,
Au soleil levant,
Il est là qui sasse
D'où souffle le vent.

On part, on s'embrasse ;
Le cor dédaigneux
Lui marque sa place
Parmi les rogneux.

Dans la forêt grasse
Des brumes de mars
Ou que janvier glace
On chasse un beau jars.

La bête qui lasse,
Les cris ravisseurs,
Fuit semant sa trace
De trente chasseurs.

Voilà comment passe
La belle saison
Le valet de chasse
Imberbe ou grison.

Sus, valet de chasse,
Dès que l'aube point,
Lave-toi la face
Et vets ton pourpoint !

Le Point du jour


Voici l'alouette
Planant en haut lieu,
Dont l'aile fouette
Le firmament bleu.

Des temps la vedette
De la basse-cour
Crie en sa logette
Son qui-vive au jour.

L'aurore qui prête
Ses roses aux champs,
Baise, d'amourette
Sommets et penchants.

Et mainte paillette
De rosée et d'or
Brille sur l'herbette
Endormie encor.

Mais une clochette
Murmure soudain
Jusqu'en la cachette
Du cerf et du daim.

Tout : l'anachorète,
La mousse du nid,
Le bois, la fleurette,
Seigneur, te bénit.

La bergeronnette
Qui lave au réveil
Sa plume brunette
Y voit tout vermeil.

Des oiseaux en fête
Le joyeux babil
De tous côtés quête
La baie et le mil.

A la quenouillette
Des piquants buissons
La belle cueillette
Que font les pinsons!

Pauvres mauviettes,
Eux, repus et las,
La moindre miette
Fera ton soulas.

Mais c'est la navette
Qu'épluche du bec
La mère fauvette
Ses petits avec.


Et leur chansonnette
Gazouille à la fois
Sur la maisonnette
Du garde des bois.

Et là-bas, au faîte
Du sombre château
Féodale crête
Du fameux côteau!

Que l'écho répète
Du vieux bûcheron
Le coup de serpette
Qui fend le vieux tronc.

Que biche et chevrette
Broutent au lointain
Dans quelque retraite
De roche et de thym.

Que blonde fillette
La haie effleurant
Porte sa galette
A la mère grand!

Qu'au bois la musette
Du porcher dolent
Charme sa disette
De pain et de gland.

Et que l'escopette
Des chasseurs dorés
Joyeusement pète
A travers fourrés.

Voici l'alouette
Planant en haut lieu
Dont l'aile fouette
Le firmament bleu.


L' Hôtellerie


I

Or, à la Cigogne,
Place du marché,
Le Duc de Bourgogne
Hier a couché,
Et ce soir encore
Son falot décore,
Comme il est minuit,
L'ogive fleurie
De l'hôtellerie
Qui bourdonne et crie
Rouge dans la nuit

La borgne cuisine
Du logis flamand
Fume de résine,
Flambe de sarment;
Et, chauffant à l'aise,
Sa grève au foyer,
Plus d'un homme d'armes
Ecoute avec charmes
Les chiens tout en larmes
Dans l'ombre aboyer.

Vainement l'automne
Dessèche le buis
Qui, frileux, festonne
La niche de l'huis
Epaisses brouées,
Bises enrouées,
Dans l'air secouées

....................
Du feu qu'on fourgonne
La plaque octogone
A noire gorgonne

Ce ne sont qu'épées
De maint officier,
Finement trempées,
A pommeau d'acier,
Que robes de prêtres,
Que buffles de reîtres
Que houseaux d'archers,
Que bonnets sans nombre
Dont la grotesque ombre
Peint sur le mur sombre
De pointus clochers.

Cependant maître Yves
Le rond hôtelier,
Soûl comme une grive,
Tire du cellier
Une coupe d'aile
Que chaque fidèle
Hume avec ferveur
Tandis que la pinte
Dévotement tinte
Sa joyeuse plainte
Vêpres du buveur.

Mais comme les rires
Et les chants grivois
De ces ribauds sires
Ne font qu'une voix,
Un hérault qu'enrhume
La neigeuse brume,
Loquette, morfondu,
A la porte sourde
D'une main plus lourde
Que n'est une gourde,
Sans être entendu.

II

Là-haut, la main pleine
De tout neuf florins
Que ternit l'haleine,
Sa cuirasse aux reins,
Le duc......
Qui dès que va naître
L'aube à sa fenêtre
Gagnera le val,
De telle manière
Compte en l'aumonière
Tant pour sa bannière
Tant pour son cheval.

Quelle noble mine
A, fourré d'hermine,
Le Duc.....
Du feu qu'il fourgonne
Aux lueurs que lèchent
Les sifflets du feu
La plaque octogone
A noire gorgonne,
L'effroi des valets.
............
............

Devant le pupitre
Qu'étoile un flambeau,
Il fait une épitre
A dame Isabeau
Puis, vient-il de mettre
Aux plis de sa lettre
Le gothique scel,
Bien clos dans sa chambre
Que nargue septembre,
Il respire l'ambre
D'un jaune missel.

Soudain il se lève
Comme s'il rêvait
Que l'éclair d'un glaive
Luit à son chevet,
Et ce qu'il écoute
L'oreille à la voûte
Est-ce, en un recoin,
Quelque rat qui trotte,
Parsemant sa crotte
Dans la vieille botte
Graissée au vieux oing ?

Est-ce des teintures
Gazouillant d'oiseaux,
Les vives peintures,
Des trois demoiseaux,
Qui, chien à la laisse,
Et gerfauts qu'on laisse
Aveugles encore,
Vont chasser la bête
En habits de fête
Avec l'arbalète
Aux clairs sons du cor ?
Est-ce une querelle
Des soudards qui las
De boire leur aile,
Cassent pots et plats,
Et la clameur haute
De maître Yves, l'hôte,
Qu'à coups de souliers
Un franc archer roule
Aux cris de la foule
Ainsi qu'une boule
Dans les escaliers ?

Est-ce dans la crèche
L'âne jusqu'au cou
Dans la paille fraîche,
Qui rompt son licou,
l'image de pierre
Qui fait sa prière
Dans les pendentifs,
Ou la pirouette
De la girouette
Quand le vent fouette
Les vitraux plaintifs ?

III

Non !

A l'hôtel on cogne
C'était......
Et c'est un......
Jouvenceaux....
Trois fils de langraves
Qui, leurs terriers braves
Accouplés encor,
......................

"Certes Aloysius Bertrand n'est pas moderne par le sujet, mais par la forme. Son poème en prose a souvent une allure de ballade à couplets, mais quel art délicat et sans failles ; de l'enluminure, de la ciselure fine, rien de flou, rien de laissé au hasard, un travail de condensation constant comme en font foi les différents états de ses poèmes"

Louis Guillaume


"Ceux qui aiment les imagettes, les découpures, les tours de force à la Callot, les profils lumineux à la Rembrandt, les miniatures chinoises, trouveront les mille et mille joies enfantines de l'art dans le livre d'Aloysius Bertrand. Pour moi, ce que j'aime avant tout, ce sont ces pages de coeur et de nature : ces derniers vers sont d'une âme qui va monter au ciel."

Arsène Houssaye


" Moins visionnaire, moins audacieuse et moins novatrice que celle de Rimbaud, l'"alchimie du verbe" d'Aloysius Bertrand manifeste la même confiance dans le pouvoir qu'ont les mots et les mots seuls d'élargir et de renouveler l'expérience humaine. Expérimenter ces pouvoirs et les porter à une haute incandescence dans le poème en prose, là où aucune formule préétablie ne guide l'oeil et le souffle, là ou l'harmonie est sans cesse à recréer, en fonction de sonorités, de coupes, d'affinités ou de dissonnances sémantiques qui présentent chaque fois un problème nouveau à résoudre, c'était non seulement faire oeuvre de pionnier dans une voie où s'engageront Baudelaire, Rimbaud, Mallarmé, Huymans, Claudel, Max Jacob, Reverdy et les surréalistes. C'était aussi pressentir et préfigurer, au risque d'être totalement méconnu de ses contemporains, l'idéal de concentration, de conscience artisanale et d'exigence ascétique qui allait rayonner sur la poésie française pendant plus d'un siècle. C'est ce rôle non seulement de précurseur mais de frère que Mallarmé lui reonnait avec éclat..."

Max Milner

"...contre le constat accablant de la décadence de l'homme, il affirme, sous le sens apparent de son livre, sa foi en la poésie, la certitude intime d'avoir accédé à un monde inconnu, de connaître un secret qui ne se révélera qu'au lecteur attentif, et peut-être initié."

Jacques Bony


"Bertrand n'est pas un petit poète, ni même le génial fondateur d'une petite forme, c'est un très grand Romantique, qui tranche, passablement, sur ses contemporains français."

Francis Claudon


"Unique, Bertrand l'est, au point de ne faire plus qu'un avec son livre et avec une forme sans réelle postérité, mais qui - comme "Gaspard de la Nuit" se voulait l'amorce d'une fiction jamais écrite - aura préludé aux opérations plus ou moins mystérieuses d'autres "horribles travailleurs", conscients d'avoir eu ce compagnon d'une discrétion exemplaire comme indispensable prédécesseur"

Jean-Luc Steinmetz


"Mais si Bertrand aujourd'hui doit nous retenir c'est parce qu'il est avant tout un maître du style, un orfèvre des mots. Ce romantique jusqu'à l'hyperbole est un classique de la facture parfaite, un écrivain fascinant pour qui les rythmes et les agencements verbaux n'ont pas de secret. Mallarmé et ses amis ne lui vouèrent pas sans raison une admiration extrême."

Alain Déchamps

La chanson de la sentinelle


-Qui vive ? - Personne
Ce soir ne frisonne,
Cette nuit
Lorsqu'il pleut et grêle
Sur la vitre frêle
Où dans la tourelle
Un feu luit.

Cette froide averse
Qui mouille et traverse
Mon manteau
Lave au loin les pentes
Des toits et charpentes
Marquises rempantes
Du château

Sans peur qu'on le prenne
Les gens de Lorraine,
Loups gloutons,
Sur la paille fraîche
De la chaude crèche
Le huguenot prêche
Ses moutons.

Ne puis-je en l'étable,
A la Sainte Table,
Mort de Dieu,
Tout à coup paraître
Pour t'envoyer, traître,
Du mousquet du reître
Le Bon Dieu.

Faut-il contre la fronde
Garder la vive aronde
De Luxeul,
Qui garderait-elle
Dans sa citadelle,
Haut nid d'hirondelle
Là tout seul.

-Qui vive ? Personne
A l'air ne frisonne,
Par hasard.

Alors que l'imitation relève de la servilité et n'implique donc pas de choix auctoriaux, la transposition possède un caractère actif et volontaire, mais aussi certainement distinctif. Le traitement particulier, dans le domaine de la prose, des éléments formels et modaux qui appartiennent traditionnellement à d'autres arts permet justement à Bertrand de "passer à l'histoire " et d'acquérir à postériori le capital symbolique dont il aurait voulu jouir au cours de sa vie. La fortune de l'écrivain, pourtant au départ un provincial sans notoriété, atteste la vitalité propre à l'opération de transposition ( générique, modale ). En tant qu'opération de transplantation générique et modale, elle exige la volonté de l'écrivain qui, par son geste, signale la différence générique de sa production."

Luc Bonenfant
"Avant Ezra Pound, Aloysius Bertrand, caricaturant l'alchimiste, précède le "Transmutateur de métaux", dont la traduction en français, ne peut entamer l'incantation vibrante multicolorée de feux. "Gaspard de la Nuit" est hanté par le "sifflement de la cornue étincelante"...les rires moqueurs de la salamandre."

"Le Bayou" - University of Houston


Aloysius Bertrand pour son "Gaspard de la Nuit" qui devait ne paraître qu'après sa mort, eu l'idée de ravir à Rembrandt et Callot une matière pittoresque, puis de la traiter en verset si hardiment concoctés qu'il s'en dégage de vraies vignettes : double anticipation"

Emile Henriot
"le pauvre Bertrand mourut à l'hôpital, enlevé par la phtisie qui a dévoré tant de poètes ; mais son oeuvre est restée pure, d'un travail qui fait penser aux admirables coupes de jade de la Chine"

Champfleury

Nombre total de pages vues

" Dans la nuit de Gaspard, qu'importe s'il faut étendre longtemps la main pour sentir tomber une de ces pluies très fines qui vont donner naissance à une fontaine enchantée."

" C'est au romantisme que se rattachent les deux poètes auxquels il convient à mon sens de rapporter les deux principaux courants de la poésie contemporaine ; d'une part Aloysius Bertrand qui, à travers Baudelaire et Rimbaud, nous permet d'atteindre Reverdy ; d'autre part Gérard de Nerval dont l'âme glisse de Mallarmé à Apollinaire pour arriver jusqu'à nous".

" Bertrand est surréaliste dans le passé".

André Breton

" Les images d'Aloysius Bertrand, un des plus grands romantiques (sans doute le premier écrivain à avoir parlé de "Pierre philosophale" à propos de la poésie), montrent une exceptionnelle profondeur de champ, révèlent un horizon où se rencontrent les perspectives intérieures et extérieures"

" Translucide et comme suspendue, la réalité chez Bertrand est onirisme, symbolisme et mythologie, synthèse amoureuse de rêve, de mythe, de folklore et de magie. L'élément poétique ne demeure pas subjectivité abstraite, détachée du réel, mais réalité libérée, agrandie, absolument concrète et palpable."

Marcel Jean et Arpad Mezei

" la poésie d'Aloysius Bertrand supporte tous les éclairages. Elle se déplace selon notre optique et selon notre humeur. Comme un kaléidoscope, elle offre au champ de notre imagination mille combinaisons d'une extraordinaire puissance de séduction...Que ne découvrirait-on pas dans le coffre au merveilles de " Gaspard de la Nuit"...C'est un livre tout parsemé de sortilèges envoûtants que celui-ci...Mais Gaspard demeure insaisissable. Il fuit entre les doigts comme une goutte de rosée..."

Michel Manoll

" Il est tentant de rapprocher "Gaspard de la Nuit" du " nouveau roman", genre dans lequel Pierre Moreau voit la forme la plus récente du poème en prose. Cela est particulièrement vrai pour Nathalie Sarraute, l'auteur de "Tropismes", ainsi que pour l'auteur d"Instantanés", Robbe-Grillet, voire pour Michel Butor."

Fernand Rude

" Mon émerveillement est resté le même. Ce livre n'a pas une ride, il se situe hors du Temps. Et j'éprouve toujours l'impression de toucher là au mystère le moins exprimable de la poésie."

André Hardellet

Gaspard de la Nuit -Magritte

Gaspard de la Nuit -Magritte
Thème Simple. Images de thèmes de bopshops. Fourni par Blogger.