" Les grottes d'Asnières"



"Que de fois j'ai étoilé d'une bougie les grottes souterraines d'Asnières où la stalactite distille avec lenteur l'éternelle goutte d'eau du clepsydre des siècles !" s'exclame Louis. Ses commentateurs, au mieux, situeront, ces grottes, "au nord de Dijon", sans autre précision ; au pire, H. H. Poggengurg en fera " des carrières assez insignifiantes". Encore faut-il s'accorder sur le sens donné à cette insignifiance. Importance volumique, intérêt esthétique ? Elles ne sont, en effet, que des carrières souterraines, aujourd'hui murées ou propriétés privées. Cependant, source matérielle, elles abritèrent bien des conciliabules.

C'est de ces carrières que seront tirées les pierres qui serviront à bâtir la flèche de Saint-Philibert - dite construite par les fées -, une partie de Notre-Dame et de la Sainte-Chapelle, les hautes portes de Saint-Bénigne, la tour Saint-Pierre, la tour Saint-Nicolas, et bien d'autres bâtiments. C'est surtout dans ce calcaire microcristallin, facile à scier et travailler, que Claus Slüter sculptera le portail de l'église de la Chartreuse de Champmol, le tombeau de Philippe le Hardi et le Puits de Moïse. 

Quant aux chuchoteries, elles s'y tinrent au temps des "carbonari"- dont "Jeune Italie" de Giuseppe Mazzini sera une résurgence - et de la "Charbonnerie française". Elles seront, plus tard, ces grottes, le siège secret de la "Société Démocratique Dijonnaise" puis d'une autre confrèrie : "Les vrais vengeurs de la Démocratie", associations républicaines opposées au régime impérial (Napoléon III).

Les grottes d'Asnières ont une histoire ; Louis ne l'ignorait pas (il lisait la "Description Générale et Particulière du duché de Bourgogne" de Claude Courtépée qui en fait état). Il a pu, par ailleurs, assiter lui-même à des réunions confidentielles. En tout cas, il fréquentait tant les grottes d'Asnières que celles de Chèvremorte où elles se tenaient.