Saint-Etienne


C’est en 343 que Saint Urbain éleva une chapelle dédiée à Saint Etienne en limite est du castrum dijonnais. Elle était desservie par des clercs vivant en communauté, désignés par l’évêque de Langres. En 874, Charles le Chauve accorda à l’abbaye l’autorisation d’avoir une monnaie particulière, privilège étendu sur toute la monnaie de Dijon par le duc Robert Ier. Eudes III lui ayant de surcroît confirmé le droit de tenir foires et marchés, l‘abbaye était devenue très puissante et la chapelle trop petite.

L’’abbé Garnier de Mailly en entreprit la réédification en 1045. Consacrée le 20 juin 1077, l’église sera détruite par le grand incendie de 1137. Reconstruite à partir de 1141, elle sera bénie le 27 avril 1143. En 1172, l’abbaye obtiendra d’Hugues III le droit de Justice dans son enceinte, en compensation de la création de la Sainte Chapelle.

S’ensuivront des siècles de conflits d’intérêts, de procès sans fin entre les différentes communautés et églises ( Saint Etienne, Saint Bénigne, Notre Dame, la Sainte Chapelle ), chicanes, savamment entretenues par de nombreux juristes.

Le 30 janvier 1487/88, pendant la messe conventuelle, la foudre frappa le clocher qui s’écroula entrainant les maçonneries. L’abbé Richard Chambellan reconstruisit alors entièrement l’église. A partir de 1503, un administrateur perpétuel (abbé commendataire) sera nommé par le Roi. Le cinquantième et dernier abbé fut Claude Fyot de la Marche, mort le 17 avril 1721, à l’âge de 92 ans, laissant à la postérité l’église dans sa structure actuelle ( clocher foudroyé en 1686, remplacé par une lanterne en bois et en plomb détruite en 1793 ) et une « Histoire de Saint Etienne ».



La Révolution ne conserva pas l'église qui, dépouillée de ses ornements, devint une « Halle aux blés », puis une remise pour les décors du théâtre, la Chambre de Commerce de Dijon, et très récemment la Bibliothèque Municipale.






Deux anecdotes, tirées du livre d'Henri Chabeuf, "Dijon - Monuments et souvenirs ", intéresseront les lecteurs de "Gaspard de la Nuit" :

" Le vingt-sixième et dernier abbé, Antoine Chambellan, avait l'habitude de courir par les rues la nuit, déguisé, avec des valets en armes chargés de faire respecter son incognito. Le 19 juin 1502, le vicomte-mayeur, dont Antoine avait mal parlé, ordonne bien au guet de le surprendre, mais nous ne savons ce qu'il en advint."

"Le dimanche 27 janvier 1658, l'héritier de toutes les grandeurs accumulées en deux générations dans la famille d'Epernon, le duc de Candale, co-gouverneur de Bourgogne avec son père, revenant de Catalogne où il avait eu le titre de vice-roi, mourait à Lyon après une courte maladie (.../...) le gouverneur était alors à Paris ou la Chambre de ville envoya les échevins Huissier et Rousseau, dont le voyage coûta 565 livres ; les élus députèrent Monsieur de la Tournelle, élu de la noblesse."